Distribution atypique des espèces
« Nous avons découvert des modèles de répartition de la richesse spécifique totalement atypiques, révèle-t-il. Dans ces sous-bassins hydrographiques, comme dans l’ensemble du bassin de l’Amazone, les espèces sont en général moins nombreuses à l’aval qu’en amont ! C’est l’inverse de ce que l’on attendait… » L’archétype en la matière, valable pour presque tous les cours d’eau du monde, correspond en effet à une richesse en espèces augmentant des sources vers l’embouchure, selon un gradient de croissance linéaire. Cela s’explique aisément : les zones amont sont plus isolées, le courant y est plus fort, rendant la colonisation plus difficile. Et l’habitat et les ressources y sont moins disponibles que dans les grands volumes d’eau à l’aval. « Seuls les systèmes hydrographiques s’asséchant à l’aval, dans les zones désertiques du globe, connaissent une diversité supérieure en amont, ce qui n’est pas du tout le cas du bassin amazonien », précise le chercheur. Cette configuration inverse est à peu près impossible à expliquer au niveau écologique, d’autant que les scientifiques ont testé tous les facteurs actuels susceptibles d’influer sur la richesse : variables climatiques, habitat, etc. « Les modèles numériques montrent tous que l’aval devrait être beaucoup plus riche en espèces, il faut donc chercher ailleurs, dans l’histoire géologique de la région notamment, les causes de cette anomalie écologique », indique Thierry Oberdorff.