Les 17 000 espèces de poissons d’eau douce présentent une large gamme de caractéristiques morphologiques liées aux capacités d’alimentation ou de locomotion des espèces. Pourtant ces traits morphologiques restent méconnus pour plus de 80 % des espèces, rendant impossible d’utiliser ces faibles connaissances morphologiques pour des études sur l’écologie des poissons à l’échelle des continents ou du globe. Pour pallier ce problème, il est possible, à partir d’une simple photographie, d’effectuer des mesures morphologiques représentant des fonctions écologiques clés de l’espèce photographiée. C’est dans ce but que les scientifiques ont collecté depuis près de 10 ans plus de 8 000 photographies et illustrations de poissons, sur lesquelles ils ont effectué 11 mesures morphologiques, telles que la forme du corps, la taille et la position de la bouche, de l’œil et des nageoires.
Cette base de données qui représente actuellement les informations les plus complètes existantes sur les traits morphologiques des poissons d’eau douce vient d’être mise en libre accès dans le cadre d’un article publié dans la revue Global Ecology and Biogeography. Cette base de données, intitulée FISHMORPH concerne près de la moitié des poissons d’eau douce. Elle comprend la majorité des espèces à large répartition spatiale et permet en moyenne de mesurer la diversité morphologique de 85 % des espèces des cours d’eau et lacs du globe.
Bien que ces données permettent déjà de mieux comprendre la distribution de la diversité morphologique des poissons d’eau douce du globe sous l’effet des changements globaux, la base FISHMORPH est appelée à évoluer en continuant l’acquisition de photographies pour les espèces encore non informées. Les scientifiques envisagent également d’élargir la gamme des espèces recherchées aux poissons marins, pour mieux comprendre comment les changements globaux affectent l’ensemble des faunes aquatiques, qu’elles soient marines ou d’eau douce.