En effectuant une revue exhaustive des études empiriques publiées durant les 10 dernières années chez l’ensemble des vertébrés, les auteurs suggèrent que les animaux les plus foncés ont souvent un comportement différent de leurs congénères plus clairs, et que cela pourrait affecter leur probabilité d’être exposés aux parasites. Par exemple, en étant plus actifs, plus explorateurs et plus agressifs, les individus les plus foncés pourraient être exposés à un nombre plus importants de parasites dans leur environnement que les individus plus clairs, avec des conséquences potentielles pour la prévalence de pathogènes dans les populations sauvages.
Néanmoins, les individus les plus foncés pourraient être mieux capables de réguler les infections que leurs congénères plus clairs une fois infectés. En effet, le système de synthèse de la mélanine est étroitement lié à de nombreux traits physiologiques, dont l’immunité, ce qui influencerait leur résistance aux parasites et donc la probabilité de développer des maladies. En accord avec cette hypothèse, un nombre croissant d’études empiriques ont mis en évidence que les différents morphes colorés d’une même espèce possèdent des capacités immunitaires et des charges parasitaires différentes. Les pigeons au plumage plus foncé ont par exemple une meilleure réponse immunitaire cellulaire et présentent moins de parasites de la malaria dans leur sang que les pigeons plus clairs. Cela pourrait influencer également le choix du partenaire lors de la sélection sexuelle.
Les résultats restent malgré tout variables en fonction des études. Dans certains cas les individus les plus foncés ont plus de parasites que les individus clairs, et dans d’autres cas c’est la relation inverse qui est mise en évidence. Le lien couleur/parasitisme semble en réalité fortement dépendre de l’espèce considérée et du contexte environnemental, en particulier des facteurs de stress liés aux activités anthropiques. Ainsi, les pigeons les plus foncés ont moins de parasites que les pigeons clairs, mais seulement dans les zones les plus urbaines. La pollution et la quantité de nourriture liée aux activités humaines pourrait donc affecter les coûts et bénéfices associés à l’immunité. Il est donc crucial de prendre en compte les facteurs de stress multiples dans l’environnement pour mieux prédire l’issue des interactions entre les hôtes et leurs parasites.
Dans les années à venir, les activités humaines vont fortement altérer les risques d’épidémies dans les populations animales. La prise en compte de la variabilité naturelle de coloration des animaux pourrait donc être essentielle afin de mieux prédire leurs réponses face aux pathogènes dans un contexte de changements globaux (Fig. 2).