Vers une homogénéisation des communautés de poissons d’eau douce ?
Brève CNRS

28 août 2014

Sébastien Brosse, Thierry Oberdorff

Les poissons d’eau douce constituent une part importante de la biodiversité mondiale. L’introduction par l’homme de nouvelles espèces de poissons dans les rivières augmente la proportion d’espèces communes à plusieurs cours d’eau. Nommé « homogénéisation biotique », ce processus diminue le nombre de communautés d’espèces différentes sur Terre, une facette clé de la biodiversité des rivières. A ce jour, ce phénomène est encore assez limité à l’échelle du globe. Cependant, il pourrait fortement s’accélérer si le rythme d’invasion actuel se maintient. C’est du moins ce que révèle une récente étude réalisée par une équipe de chercheurs des laboratoires Ecologie des systèmes marins côtiers – ECOSYM – (CNRS / Universités Montpellier 1/2), Évolution et Diversité Biologique – EDB – (CNRS / Université Toulouse III-Paul Sabatier / ENFA), Biologie des Organismes Aquatiques et Ecosystèmes – BOREA – (CNRS / UPMC / MNHN / IRD) et de la Station d’écologie expérimentale du CNRS à Moulis, publiée le 25 août dans la revue Diversity and Distributions.
 
 

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Lors d’une précédente étude publiée en 2011, cette même équipe avait déterminé que le pourcentage moyen d’espèces communes à deux rivières données dans le monde, ou « taux d’homogénéisation », avait augmenté en moyenne de 0.5% seulement lors des deux derniers siècles. Dans cette nouvelle étude, les chercheurs montrent, en simulant l’évolution de la composition en poissons de 1054 rivières sur Terre, que ce taux pourrait grimper à 10% d’ici la fin du siècle, soit une multiplication par 20 !

Pour obtenir ces résultats, 42 scénarios ont été imaginé pour chacun de ces cours d’eau. « Ces scenarios se basaient sur le nombre d’espèces de poissons actuel dans les fleuves concernés et combinaient trois types de variables : le fait qu’il se produise ou non dans le futur une extinction de certaines espèces de poissons dans la rivière concernée, le nombre d’espèces pouvant être introduites, et l’identité de ces espèces », précise Sébastien Villéger, biologiste au laboratoire Ecologie des systèmes marins côtiers (ECOSYM).

Au total, plus de 80% des rivières dans le monde devraient subir une homogénéisation. Encore relativement épargnés jusqu’ici, les cours d’eau dans l’hémisphère sud devraient être particulièrement affectés. Et pour cause : comme jusque là ces régions n’ont pas été confrontées à ce problème, elles n’ont pas encore adopté de politique limitant l’introduction de nouvelles espèces.
 
 

Réference

From current distinctiveness to future homogenization of the world’s freshwater fish faunas, Villéger S., Blanchet S., Beauchard O., Oberdorff T. & Brosse S., Diversity & Distributions, 25 August 2014.

Source INEE CNRS